Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon.
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Sujet: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Jeu 15 Aoû - 15:58
Monroe + Hallelujah Camelot. J'ai trouvé mon absence, je ne suis nulle part. Excepté le néant. ❞
nom(s) ✤ Monroe. Mais comme les traces du voyageur effacées par le reflux de la mer, ce nom n'est plus. Mcqueen l'a brisé et remplacé. prénom(s) ✤ Hallelujah pour l'enfant tombée du ciel. Et Camelot pour ne jamais oublier de rêver. Maintenant l'ère des songes a pris fin. Et sur les cendres, Tallulah est née. âge ✤Vingt-sept ans d'un long fleuve pas toujours tranquille. date et lieu de naissance ✤ L'acte de naissance d'Hallelujah indique le dix-neuf septembre 1986 à Providence dans l'état du Rhode Island. Celui de Tallulah indique le quatre juillet 1986 à Orange en Californie. profession/études ✤ Monroe était diplômée de la NYU en communication et travaillait dans le merveilleux monde de la publicité. Mcqueen n'a pas fait d'étude supérieure. Par la force des choses, elle est devenue la romancière Janis Hepburn, mamie incontournable des histoires à l'eau de rose pour trentenaires esseulées et épouses frustrées. statut civil ✤ Célibataire damnée. orientation sexuelle ✤ Au bonheur de ses messieurs. Hétérosexuelle. traits de caractère ✤ Intuitive ☩ Imaginative ☩ Cinéphile ☩ Vigilante ☩Drôle ☩ Passionnée ☩ Fleur bleue ☩ Indépendante ☩ Bienveillante ☩ Ouverte ☩ Fidèle ☩ Audacieuse ☩ Rêveuse ☩ Perfectionniste ☩ Persuasive ☩ Intrigante ☩ Souriante ☩ Mythomane ☩ Têtue ☩ Sceptique ☩ Distraite ☩ Mystérieuse ☩ Réservée ☩ Ringarde ☩ Émotive ☩ Mauvaise joueuse ☩ Manipulatrice ☩ Comédienne ☩ Fantasque ☩ Indiscrète ☩ Indomptable ☩ Carriériste ☩ Soupçonneuse ☩ Poissarde. groupe ✤ We have unfinished business. crédits ✤rooniestmara.tumblr.com .
+ Vingt-et-un grammes d'âme pure.
À PROPOS DE L’AUTEUR. Janis Hepburn, soixante-trois ans est à ce jour une heureuse retraitée. Ancienne secrétaire de direction, elle se consacre pleinement aujourd’hui à sa première passion : l’écriture. Habitant un charmant cottage dans le Vermount, elle vit en compagnie de son époux avec qui elle entretient une idylle passionnée depuis près de trente-huit ans. Mère accomplie de deux grands enfants ayant eux-mêmes fondés leurs propres foyers, elle passe désormais la plupart de son temps entre voyages, parties de bridge et jardinage, sans oublier également ses deux adorables golden retrievers : Inka et Cleo. Son premier roman, Almost Wicked, paru en 2009, s’est écoulé à plus de trois millions d’exemplaires et a été plébiscité par de grands noms de la presse féminine. Suite à son succès, les œuvres ultérieures de Janis Hepburn ont été traduites dans dix langues différentes à travers le monde.
✤ ✤ ✤
L’éditeur employé par Samhain Publishing semblait quelques peu perplexe. Tenue du bout de ses doigts épais, la feuille dactylographiée se plia mollement dans l’air. ▬« Tallulah…tu es sûre que tu veux publier cette biographie dans ton prochain bouquin ? » Une étincelle malicieuse s’illumina soudainement dans le regard de l'auteur tandis que sur ses lèvres s’étalait déjà un large sourire, à la limite de la niaiserie profonde. C’était à se demander si elle faisait exprès de ne pas voir le visage contrarié de son interlocuteur. Sûrement, en fait. ▬« Oui, c’est génial, n’est-ce pas ? Je me suis toujours imaginé Janis comme ça ! Pas toi ? » L’homme posa sur son bureau le papier de la discorde tout en haussant les sourcils. Les idées d’auteurs de romances érotiques pour bonne-femmes frustrées l’avaient toujours dépassé. Parfois, il se demandait pourquoi il avait choisi ce boulot dans cette édition spécialisée. ▬« Mais Janis…c’est toi, Tallulah. Écrire sous un pseudonyme, c’est une chose. Mais s’inventer carrément une histoire, c’en est une autre, tu ne penses pas ? » Avec sa petite moustache et son expression d’homme d’affaire impitoyable, il ressemblait à une version moderne de Clark Gable. Cette observation la fit rire intérieurement. En tant que cinéphile elle ne pouvait passer à côté de ce genre de détail. C’était d’ailleurs un de ses passe-temps favoris. Associer des gens et des situations de tous les jours à des acteurs et des scénarios de films. ▬« Est-ce que je dois comprendre que tu n’aimes pas ? » dit-elle innocemment avec une mine boudeuse. Attendant une réponse, elle passa mécaniquement la main dans ses cheveux teints en noir corbeau. Depuis le jour où tout avait basculé, la jeune femme avait fait une croix sur son châtain naturel. Elle avait pensé blond mais s’était rétractée au dernier moment. Trop Grace Kelly sur le retour. ▬« C’est un peu…cliché. » ▬« J’aime les clichés. » Elle avait répondu du tac au tac avec une spontanéité déconcertante. Et le pire dans tout cela c’est qu’elle ne mentait pas. Les clichés c’était son dada. Ça et le cinéma hollywoodien en noir et blanc, les polaroïds, les films d’épouvantes, la glace à la pistache et les longues nuits d’été orageuses à l’atmosphère moite. Sans oublier Janis Joplin et Audrey Hepburn comme le laissait sous-entendre son nom de plume. Tordant sa bouche en cul-de-poule, Warner Grant rendit finalement les armes après une énième relecture de la fausse biographie. Elle était son gagne-pain, il pouvait bien lui faire cette faveur. ▬« Si ça te plait d’avoir deux personnalités, allons-y. » Elle lui adressa son plus beau sourire. Si seulement il avait su. Tallulah Mcqueen n’existait pas plus que Janis Hepburn. Il ne s’agissait là que d’inventions et de manipulations extrêmement bien contrôlées. Le mensonge dans sa forme la plus pure. Ainsi allait sa vie, depuis cette fameuse nuit de juillet chaude et humide où elle avait pris la route loin du tumulte de ce New-York à qui elle avait pourtant dédié toute sa vie. Upper West Sider de pure souche, cette ville l’avait vu grandir si bien que dans ses veines coulait l’Hudson River. Mais depuis cinq ans désormais, elle avait tiré un trait sur tout ce qui avait été. Famille, amis, travail. Elle ne remettrait peut-être même plus jamais les pieds dans la Grande Pomme. Et pour cause, Hallelujah Monroe avait été rayée de la surface de cette planète par la main d’on-ne-sait quel bureaucrate haut-placé qui avait simplement dû tamponner un papier officiel d’un simple « décédé ». Il lui était parfois étrange de penser qu’elle ne faisait plus partie de ce monde. Mais elle s’obligeait toujours à voir le bon côté des choses. Elle avait eu le droit à une seconde chance. Sa « renaissance » comme elle l’appelait. Le gouvernement américain, lui, était plus mitigé sur la question et préférait à cela la dénomination pompeuse de « Programme fédéral de protection des témoins des États-Unis ». Au mauvais moment, au mauvais endroit. Le malheur de toute une vie. Voilà, c’était son grand secret et elle devrait sûrement l’emporter jusque dans sa tombe pour ne pas y finir prématurément. ▬« Sinon, tu as bien le dernier chapitre que je t’ai demandé de revoir ?» Acquiesçant avec un sourire, Hallelujah sortit le petit paquet de feuilles soigneusement rangé dans une pochette grise. Aussi loin qu’elle pouvait s’en souvenir, elle avait toujours été très scrupuleuse avec ses affaires. Petite déjà, elle n’était pas le genre de gamine à laisser traîner ses jouets dans les escaliers ou sous la table du salon. Au contraire. Elle avait toujours été excessivement pointilleuse, bien qu’une part d’elle-même aurait souhaitée un peu plus de fantaisie. Elle trouvait dans les attitudes désordonnées un charme un peu fou, comme celui des artistes vivants dans leurs propres mondes. Malheureusement, elle, elle rangeait. Parfois plus que de raison. Si seulement sa vie avait été aussi ordonnée que ses étagères, elle n’aurait sûrement pas été assise sur cette chaise, dans ce bureau, face à un éditeur aux dents si longues qu'elles devaient parfois rayer le parquet. Elle en avait vécu des dérapages incontrôlés. Elle en avait fait des choses dont elle n’était pas fière. Et finalement, dans toutes ces sorties de routes, rien de bon ne lui était arrivé. Néanmoins, il ne s'agissait que de la vie d’Hallelujah Monroe. Aucune de ces histoire ne concernait Tallulah Mcqueen qui, elle, n’avait jamais rien eut à se reprocher. Mise à part, sans doute, le fait d’avoir quitté l’école trop tôt. Sur ce coup-ci, les fédéraux auraient pu au moins faire un effort et lui attribuer un quelconque diplôme fantoche. C’est du moins ce qu’elle avait toujours regretté. Toutes ces années passées sur les bancs de l’université de New-York pour rien. Elle ne serait plus jamais publicitaire. Mais au fond d'elle-même, c'était un sacré soulagement. La pub, le milieu pourri jusqu’à la moelle par excellence. Le genre de ceux qui vous obligent à carburer à la coc’ pour pouvoir travailler vingt-cinq heures par jour. Oui, c'était une chose indéniable: tout le monde possédait ses démons. Et elle connaissait bien les siens. Elle avait travaillé pour eux.
✤ ✤ ✤
Elle avait achevé sa part de travail. C’était désormais à Grant de terminer le reste. L’édition, la réclame, les communiqués de presse, les points de vente. Il devrait se débrouiller tout seul et le savait très bien. Elle ne donnait jamais d’interview et avait refusé à maintes reprises de passer à la télévision, prétextant une certaine aversion pour la célébrité. Son petit plaisir personnel s’arrêtait aux mails de fans qui lui demandaient souvent des conseils en amour et à qui elle répondait avec joie quand bien même elle passait tous ses samedis soirs seule, devant la télévision à manger de la glace. L'entretien toucha à sa fin et ils se levèrent tous les deux en même temps. Derniers sourires complices échangés. Dernière poignée de main. Au-revoir, Warner. Au-revoir, Tallulah. Si seulement.
+ Quand minuit sonne, bas les masques!
pseudo/prénom ✤ âge ✤ . où avez-vous connu le forum ? ✤vous le trouvez comment ? ✤ un dernier commentaire ✤
Dernière édition par Hallelujah Monroe le Dim 25 Aoû - 22:49, édité 15 fois
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Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Jeu 15 Aoû - 15:58
Dr Jekyll + Mister Hyde. Et plus si affinités. ❞
+ Tu es poussière et tu retourneras à la poussière.
Mémoires d’outre-tombe.
I SWIM TOO FAR, FLY TOO HIGH. I FORGOT TO SAY GOODBYE. I READ YOUR BOOK WITH MY EYE, IT WAS FUN, BUT STILL I CRY. I THROW IT OUT, IN YOUR HEAD. KEEP IT THERE, WHILE YOU'RE SAD.
Je me souviens exactement du jour où je suis passée de l’autre côté de la barrière. Il faisait chaud dans les rues de Brooklyn et tout New-York semblait fondre sous l’atmosphère moite de cette fin de juillet caniculaire. Les ambulances, comme à leur habitude, défilaient dans un terrible cortège d’alarmes mortuaires et malgré tous ces hurlements d’avertissement j’avais finalement décidé de passer l’arme à gauche. Pour à jamais me faire oublier. Sans possibilité de retourner en arrière. Enfermée entre quatre murs avec pour seule compagnie le tumulte citadin, j’avais fixé le plafond décrépis pendant plusieurs heures, attendant que cette existence prenne fin. Immobile, le souffle régulier, je sentais la vie s’échapper de mon corps, goutte après goutte, illusion après illusion. Le temps s’écoulait, lent et douloureux, et je pensais à tous ceux que j’allais laisser derrière moi. Allaient-ils me pleurer ? Allaient-ils me haïr ? J’avais soudainement eu l’étrange impression d’assister à mes propres funérailles, comptant les invités présents et maudissant les absents qui, non contents d’avoir pourri ma vie, crachaient également sur ma mort. Est-ce qu’ils avaient torts pour autant ? Je n’aurais jamais su le dire. Mais alors que je continuais de fantasmer sur mon ultime hommage, on frappa à la porte quatre fois, comme convenu. Deux coups lents. Deux coups rapides. La pendule au-dessus de l’entrée indiquait très exactement vingt heures trente. Je me souviens encore de ses tic-tacs rouillés et de ses deux grosses aiguilles noires pointant douze chiffres romains. Je me rappelle également avoir été surprise par la ponctualité du marshal Watts. Pourtant, même si beaucoup de détails de ces instants me sont restés en mémoire, son visage m’échappe aujourd’hui. Rien n’est jamais revenu. Ni la couleur de ses yeux ni même celles de ses cheveux. Seule dans mon esprit, l’image de ses grandes mains épaisses me tendant ma nouvelle identité. Cette autre que j’avais accepté sans un mot et qui m’avait anéanti sans remord. Ce soir-là, moi, Hallelujah Monroe, je me suis éteinte comme soufflée par un retour de flamme inattendu. Un incendie du nom de Tallulah Mcqueen.
Dans la voiture, la reprise d’un vieux tube de country rythmait la fine pluie qui commençait à s’abattre sur la tôle. Assise à la fameuse place du mort, je me laissais bercer par la lente conduite du marshal. Le tonnerre laissa entendre sa colère une première fois. Puis les lumières de New-York se floutèrent, me plongeant dans l’inconnu. À chaque silhouette courant pour échapper à la menace de l’orage, il me semblait reconnaitre un souvenir. Et au fur et à mesure des kilomètres avalés, les perles de mes réminiscences se sont enfilées l'une après l'autre dans le fil de ma vie. A travers la vitre trempée, j’ai vu mon existence décousue se recomposer, fragment par fragment. Pour redonner à mon miroir terni l’éclat des couleurs disparues.
J'ai fermé les yeux et les années mortes ont repris vie.
Je me tiens sur l’estrade la tête haute tandis que le doyen de la faculté me remet le diplôme tant attendu. Devant nous, un parterre de familles, toutes plus enorgueillies les unes que les autres. Et au milieu du troisième rang, elles sont là, je les vois, émues et pourtant si dignes. Mam’ me sourit tandis que Mum’ essuie discrètement une larme au coin de son œil. Elles n’auraient raté cette cérémonie pour rien au monde. Le papier roulé entre mes mains comme un passeport vers l’avenir, je vais enfin entrer dans le monde actif. Mais à ce moment précis, le futur m’importe peu. À mes yeux ce degré représente bien plus qu’une validation de compétences. C’est mon sang. C’est ma sueur. Mais c’est surtout la fierté de mes deux incroyables mères. À la fois piliers et modèles.
Le marshal Watts descend les marches du motel en premier. Il veut s’assurer que la route est dégagée. Je monte dans la voiture noire banalisée et il m’annonce un changement de route. C’est raté pour Denver. De sa voix rauque, sans doute rongée par le tabac, l’agent fédéral me confie quelques extraits d’une histoire de taupe puis il se tait et allume la radio. J’attache ma ceinture et laisse ma tête reposer sur la vitre. Je suis prévenue : il n’y aura pas de pause jusqu’au terminus. Prochain arrêt : Minneapolis. Le cœur serré, je suis prise d’un élan mélancolique. La Grande Pomme c’est terminé. Je ne suis plus qu’un vers apatride désormais.
Je suis debout, au beau milieu du couloir de mon ancien collège. Mes livres de classes sont éparpillés sur le sol et autour de moi on s’attroupe rapidement. Encore aujourd’hui, il m’arrive de les entendre rire, dans mes rêves les plus noirs. C’est tout ce que tu mérites, lesbos. A treize ans, on ne comprend pas ces chose-là. Je ne comprenais pas ces choses-là. Une femme qui en aime une autre est-elle hors-norme ? Est-elle une criminelle ou une erreur de la nature ? Est-elle pire que le cancer ou la peste ? Pourquoi en veulent-ils à Mam’ et Mum’ ? Je ne suis peut-être ni de leur sang ni de leur chair mais elles sont ce que j’ai de plus précieux. Pourquoi ridiculiser celles que je chérie ? Je voudrais crier mais mes lèvres sont enchainées par des liens d’incompréhension. Je me sens dénaturée, meurtrie jusqu’au plus profond de mes entrailles. Mon humanité s’échappe et je réclame silencieusement son retour. Je veux des réponses alors que le monde qui m’entoure se désavoue. La masse informe finit par se disperser, laissant un vide immense dans le passage. Tout le monde est parti et je me sens abandonnée. Seuls résonnent encore les éclats moqueurs de ces enfants, élevés dans la plus stricte normalité. Par une mère. Et un père.
Travailler c’est bien. Bien mieux que d’être mal accompagné. Je n’ai ni compagnie ni même le temps d’en avoir. Je besogne jour et nuit. Cette place je m’étais sacrifiée pour la garder et je ne comptais pas laisser passer ma chance. Dans la salle de réunion, il fait nuit et nous ne sommes plus que quatre. Sur la table en pagaille, dessins et slogans se font la part belle. Les idées fusent de ci-delà mais nos esprits sont déjà loin. Nous ne vivons que pour le rêve. L’adoration de l’esthétisme. Pour le beau. La perfection. Nous inventons des familles idéales, des maisons idylliques en carton-pâte. Nous vomissons l’immatériel et en abreuvons les foules désabusées. Nous anesthésions les sens et distillons des besoins inutiles. Mais pour les marchands de sable que nous sommes, le sommeil est un luxe. Tout y passe alors. Antidépresseurs. Cocaïne. Amphétamines. Héroïne. On chasse le dragon, comme on dit dans le milieu. Mais j’ai l’impression qu’il a déjà pris le pas sur nous.
J’ai vingt-et-un ans et pour la première fois de ma vie, je franchis les portes d’un casino. Vegas m’éblouie par ses sons et m’enivre par ses couleurs. Mais je ne suis pas seule pour affronter cet événement d’envergure. Beth et Kristina sont à mes côtés. Je les ai rencontrés sur les bancs de la NYU et avec elles, j’ai l’impression que je commence pleinement à m’épanouir. J’ose sans me soucier du regard des autres. Je pense avoir enfin trouvé un équilibre, loin de tout mon mal-être d’adolescente. En moins de temps qu’il ne le faut, la ville du vice s’est enroulée à nos chevilles comme de lourdes chaines mais c’est la légèreté qui s’est pourtant emparée nos êtres. On boit, on joue, on flirt. On prétend que demain n’existe pas. Tant pis pour les études. Tant pis pour le diplôme de fin d’année. Selon Beth, cette nuit-là, j’ai bien faillit me marier à un inconnu lors d’une cérémonie grotesque animée par un pasteur, vulgaire pastiche d’Elvis, accompagné semble-t-il d’une demoiselle « d’horreur » semblable à une Marylin en fin de carrière. Mais qu’importe. C’était là le Spring Break de notre existence. Celui qui aurait dû nous subsister pour le restant de l’éternité. Celui dont on aurait pu reparler dans quinze ans avec toujours la même émotion, tremblante au bout des lèvres.
Devant mes yeux, l’homme s’écroule sous la pâle lumière du réverbère et j’ai comme l’impression de voir ses vingt et un grammes d’âme s’envoler dans les airs, aussi légers qu’une plume. C’est un vieux polar des années quarante qui défile devant mes yeux mais les acteurs sont bien présents. Réels et palpables. Le mort ne reviendra pas. Et ce qui a été vu ne pourra être effacé. Je reconnais dans la masse inerte du corps les traits de la grande faucheuse. Mais très vite submergée par l’émotion, la vision d’effroi, gravée dans la chair par le sang et la poudre s’estompe à mesure que mon corps flanche. Accroupie dans le noir au beau milieu d’un silence prostré, je lève les yeux vers le ciel sans étoile. J’ai alors pensé que Dieu n’existait pas. Ou qu’il nous avait tous abandonné à notre triste sort.
Au quarante-neuvième étage du building de la MDC Partners, dans le cabinet du petit chef tout me parait étonnamment démesuré. Même les accoudoirs de mon fauteuil me semblent ridiculement grands. Juste en face, derrière son immense bureau en bois exotique, mon supérieur hiérarchique tient un discours des plus décousu sur le lien entre mon manque d’agressivité et le rendement moyen de mon équipe de marketing. Si les affaires continuent ainsi il ne pourra pas me garder dans ses rangs. Je me décompose soudainement sur mon siège, incapable de prononcer ne serait qu’un seul mot d’excuse. Je m’ébrèche. Et rien n’échappe au loup qui connait parfaitement son métier. Il est payé pour prendre avantage sur les faiblesses d’autrui et ne manque pas de s’engager dans mes fissures. Le reste de l’entretien a continué le soir même, dans un hôtel de seconde zone où il n’a même pas pris la peine d’enlever son alliance. Il s’est finalement achevé moins d’une demi-heure plus tard dans un râle guttural, après qu’il soit sans doute arrivé au bout de toutes les insanités du monde. J’avais vendu mon corps et mon âme pour ce travail. Mais ce n’était là que la première marche vers la véritable descente aux enfers.
On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. Rimbaud l’avait lui-même écrit et il n’avait sans doute pas tort. Je ne sais pas ce qui m’a pris ce jour d’avril mais je suis partie. J’ai claqué la porte de ce foyer aimant, pensant ne jamais me retourner. Le mal-être comme moteur de cette fuite, j’ai fait mon sac le matin même. Et je me suis évadée de cette maison que je croyais être une prison. Le ventre plein de rage et la tête creuse, je suis partie à la recherche de réponses ou peut-être de questions. J’ai erré dans la rue les premiers jours jusqu’à ce que ma réserve d’argent s’épuise. Puis, trop faible pour passer une nuit de plus dehors, je suis finalement revenue, toujours aussi vaine avec en prime seulement, un tatouage indélébile gravé à même la peau. Tempora si fuerint nubila, solus eris. Quand viendra l’orage, tu seras seul. Elles n’ont rien dit. Le soulagement avait dû l’emporter sur la colère. On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
Je passe les portes du tribunal sous escorte armée et je réalise que tout mon empire va s’écrouler. Je vais devoir apprendre à vivre dans les pas d’une autre. Si par chance, je ne suis pas exécutée avant, victime de représailles peut-être bien méritées. Dans la salle d’audience, je me sens ridiculement insignifiante malgré mon statut de principal tiers. L’avocat de la défense me fait violence et j’ai la désagréable impression de passer de l’état de témoin à celui de coupable. J’aurai aimé pouvoir lui dire que ce n’était pas ma faute. Que si j’avais eu le choix, j’aurais préféré être ailleurs cette nuit-là.
J’aménage comme je peux le petit studio de Minneapolis en attendant d’avoir mieux. Entre ces murs impersonnels, je cherche vainement ma place. Quelques fleurs à l’entrée. Des rideaux dans ma chambre. Un tapis dans le salon. Mais rien n’y fait, ce n’est pas moi. On m’a interdit de sortir pour le moment. L’agent Robinson s’occupe de me ravitailler. Chaque semaine, elle me ramène un nouveau livre. Des romans de gare à l’eau de rose. Des histoires d’amour torrides et dévastatrices. Je les lis, amusée mais pas réellement convaincue. Je n’ai rien d’autres à faire de mes journées. Tout est tellement vide que même ces romances maladroitement rédigées deviennent une distraction des plus jouissives. C’est mon plaisir coupable. Celui qui a fait germer dans mon esprit l’idée la plus saugrenue de toute mon existence.
Derrière la grande vitre sans tain du commissariat de Manhattan, je reconnais l’homme au bout du revolver. Et je crois bien qu’à ce moment, mon cœur s’est arrêté de battre une fraction de seconde. Les murs et les policiers autour de moi se sont effacés pour ne laisser place qu’au grand néant de la mort. Cette fameuse nuit de mai, je l’avais affronté droit dans les yeux et je la retrouvais aujourd’hui. Je ne m’en remettrais sans doute jamais.
Dans mon tout premier souvenir, le soleil brille. Sa chaleur me conforte comme le sein d’une mère. Et sous mes petits pieds nus, je sens l’herbe fraiche du jardin de notre coquette maison de l’Upper West Side. Elle est blanche avec un toit bleu, comme ma maison de poupée. Les bras de Mum’ me soulèvent avec délicatesse. Je suis enfin debout et devant moi, Mam’ sourit en me tendant les bras. Aveuglée par la lumière du jour, je fais quelques pas maladroits. Finalement, j’attrape sa main avant de tomber. En sécurité totale dans son étreinte, j’ai l’impression naïve que rien ne pourra jamais m’arriver.
Puis je me suis réveillée pour m’apercevoir qu'il ne s'agissait plus que de songes révolus.
Dernière édition par Hallelujah Monroe le Sam 31 Aoû - 15:54, édité 16 fois
Allison Sterling
LITTLE WOLF ✻ and it haunts me every time i close my eyes.
Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Jeu 15 Aoû - 16:04
Ah bah, tu as cédé vite en fait. par contre, au risque de passer pour l'administratrice chieuse sur les bords, si si. Normalement - quand bien même on en a discuté hier dans le flood - les demandes de doubles-comptes se font par mp auprès d'un administrateur, puis y a quand même des règles relatives pour les doubles-comptes. (Si tu as demandé à Seth, toutes mes excuses. ) donc voilà. Je préfère le signaler parce qu'on veut éviter la profusion de doubles-comptes pour des membres qui ont pas rempli les règles. Je suis donc obligée de passer par un rappel à l'ordre. Quoiqu'il en soit, je vais pas t'interdire de le faire, tes rps en cours sont bien avancé et tu disposes du mois d'ancienneté il me semble, donc voilà. (re)bienvenue donc. Je te l'ai dis hier, Rooney est un choix excellent, elle est parfaite. et le personnage m'a l'air fortement intéressant, mais Luccia l'est déjà tellement donc j'me fais pas de soucis. good luck pour la fiche. (par contre, ton profil est déformé, à mon avis c'par rapport à la mise en forme des informations dedans. )
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Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Jeu 15 Aoû - 16:15
GRAAAAH mais quelle cruche. Je suis vraiment désolée J'étais tellement partie à fond dans mon idée que j'ai complètement oublié de vérifier le règlement pour les DC. Pardon-pardon-pardon-pardon-pardon-pardon-pardon! Surtout que c'est logique de devoir demander avant. Mais merci beaucoup d'accepter malgré la boulette que je suis.
Sinon je peux toujours me faire pardonner en étant trèès gentille
Allison Sterling
LITTLE WOLF ✻ and it haunts me every time i close my eyes.
Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Jeu 15 Aoû - 16:17
Non mais t'inquiète. Je préférais simplement le redire pour éviter que d'autres le reproduise sinon, on s'en sortira pas au niveau de la gestion des doubles-compte. mais tu peux quand même te montrer très gentille avec moi pour te faire pardonner. hâte de découvrir ce personne en tout cas puis le métier m'intrigue bien.
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Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Jeu 15 Aoû - 17:20
fuck, rooney est vraiment trop magnifique. rebienvenue donc, j'vois que t'as cédé à l'appel du dc. bon courage pour ta fiche, hâte de voir ce que tu nous réserves.
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Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Jeu 15 Aoû - 17:26
Rooney est géniale Bienvenue parmi nous
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Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Jeu 15 Aoû - 17:31
Jules:: Ahaha, le métier est assez particulier en effet. Et je pense que c'est ce qui va le plus caractériser le personnage Et oui je serai très très gentille oh maîtresse de mes jours et de mes nuits
Soren:: Et oui je suis une âme pathétique et faible, alors j'ai cédé. Han, je vous jure. Merci
June:: Héhéhé, thanks
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Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Jeu 15 Aoû - 17:40
(re) bienvenue icii
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Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Jeu 15 Aoû - 20:51
Merci
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Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Sam 17 Aoû - 22:45
Bon, déjà, le pseudo, il jette du lourd, mais l'avatar et l'histoire en plus, c'est juste pfiou. Re-bienvenue !
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Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Dim 18 Aoû - 7:26
Ooh Rooney J'aime aussi énormément le début de fiche, c'est quand qu'on a la suite ? (j'me sens bête à pas savoir qui c'est, gmrbmrl.)
Un grand re-bienvenue quand même, tu viens écrire ma biographie quand tu veux chérie
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Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Dim 18 Aoû - 13:10
Re Bienvenue alors et bon courage avec la fiche
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Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Dim 18 Aoû - 14:09
Ted: Merciii Au début je me demandais bien comment j'allais pouvoir l'appeler et puis d'un coup j'ai pensé à celui-là.
Alessandro: Héhéhé thank you La suite arrive bientôt! Du moins j'espère, faut encore que je me décide sur la forme de l'histoire Si j'écris ta biographie tu risquerais d'être déçu, voyons.
Rafael: Merciiii
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Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Dim 18 Aoû - 17:59
Dois-je dire que je fan de ton prénom et de ton titre? Ah si! Je l'Affirme!
Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Mar 20 Aoû - 0:16
Rooney a tellement la classe Marrant de la voir ici sachant qu'on a sa soeur IRL en la personne/avatar d'Allison Vu ton début de fiche, ça promet un beau personnage tout ça
Re-bienvenue parmi nous donc & bonne chance pour la suite de ta fiche ! En cas de questions, tu sais ou nous trouver
Invité
Invité
Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Mar 20 Aoû - 10:50
T'es genre, la meuf qui fait des personnages trop parfaits! Rebienvenue dans ce cas! Encore une fois, j'adore le personnage que tu nous réserves là! Bonne chance et pas besoin de te redire de bien t'amuser parmi nous!
Invité
Invité
Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Jeu 22 Aoû - 11:40
Lyuba: Oh oh merci
Seth: OMG, mais j'ai jamais fait la rapprochement entre Kate et Rooney...mais honte sur moi Merci, merci **
Charlie: Ahaha, je sais pas si mes personnages sont parfaits mais je m'amuse bien avec, c'est déjà ça Thank you
Bon aller faut que je me remue le popotin pour son histoire~
Invité
Invité
Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Jeu 22 Aoû - 14:13
(Re)bienvenue?
Camilla Roseburry
BROKEN HEARTED GIRL ✿ the broken dreams take everything.
Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon. Sam 31 Aoû - 16:26
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Nous ne vivons que pour le rêve. L’adoration de l’esthétisme. Pour le beau. La perfection. Nous inventons des familles idéales, des maisons idylliques en carton-pâte. Nous vomissons l’immatériel et en abreuvons les foules désabusées. Nous anesthésions les sens et distillons des besoins inutiles. Mais pour les marchands de sable que nous sommes, le sommeil est un luxe.
j'ai adoré ce passage entre autres Sinon superbe fiche, histoire très touchante et bien développée, la latiniste en moi était ravie d'y trouver une bribe de latin la musique était également
Aussi je te valide avec plaisir et pour le reste tu connais la maison
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Sujet: Re: Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon.
Hallelujah ☩ Peu importe la veine; le sang est vermillon.
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